Pourquoi monter « La Civilisation, ma mère !… » aujourd’hui ?
J’ai été très touchée à la fois par l’émerveillement de cette femme, son regard neuf et enthousiaste sur tout et son parcours courageux ; avec en plus tout cet amour et cette tendresse qu’elle reçoit et dégage. J’ai pensé à toutes nos mères et grands mères qui ont vécu cette époque, ont souffert en silence, se sont battues en silence…et je me suis dit que c’est grâce à elles que nous, les femmes d’aujourd’hui, avons pu gagner en liberté ; même si pour certaines cela reste encore minime. Et même si, aujourd’hui encore, on est en proie à des préjugés sociaux, à des coutumes archaïques, même si on a parfois envie de partir ailleurs, là où les traditions sont moins pesantes, eh bien, cela reste moindre comparé à tout ce qu’ont enduré nos grands-mères…
Ce texte m’a émue par son approche humaine et humaniste d’un chemin de vie auquel on a envie de se rallier par temps maussade et, notamment, à l’heure actuelle où on ne sait plus à quel saint se vouer tant l’ambiance est au ballottement ; entre un vent de liberté dont on arrive tout juste à saisir les effluves et des bourrasques rétrogrades qui font froid dans le dos.
Dire qu’aujourd’hui on perd nos valeurs ou notre identité ? Non. Je tiens juste à rester humaine – utopiste, pourquoi pas – et à partager avec les spectateurs ce que m’a inspiré ce texte : lui dire qu’on peut encore apprendre à s’émerveiller car la nature et la vie sont emplies de merveilleux et que le combat extérieur permet aussi d’affronter ses démons intérieurs. Et un proverbe africain ne dit-il pas que « c’est au bout de la vieille corde qu’on tisse la nouvelle ? »
Pour toutes ces raisons, j’avais envie de faire revivre ce texte aujourd’hui.
Amal Ayouch, comédienne