Empreinte(s)

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Présentation

Le projet Empreinte(s) a été lancé en 2019 dans le cadre de la thématique de réflexion « Empreinte et héritage ». C’est un projet de création internationale incluant une partie art-science avec une exploration autour de l’IA.

Le projet

Le projet fait suite à la création de L’Armoire (monté dans le cadre de la thématique de réflexion « Croyance et solitude » (2016-2019)). L’Armoire abordait l’une des conséquences de la dégradation de l’environnement : les populations déplacées ; dans cette pièce les dés avaient déjà été jetés.

Avec Empreinte(s) nous voulions envisager un autre futur en posant la question « Que voulons-nous léguer à l’humanité ? » L’idée était de réinterroger la question du choix, en particulier à travers le prisme des nouvelles technologies. Nous voulions décortiquer l’intelligence artificielle, qui choisit si souvent à notre place, pour comprendre qui choisit vraiment et quelles sont les idées qui sous-tendent ces choix.

En plus de la Cie du Jour, le projet rassemble trois autres partenaires : le Théâtre Cercle Molière (Winnipeg/Canada), La Muse (Conakry/Guinée) et le Multidisciplinary Institute in Artificial Intelligence (M.I.A.I. – université de Grenoble-Alpes) ; en 2022, l’ENSATT a aussi rejoint le projet avec la mise à disposition et la prise en charge d’une scénographe (élève sortante).

 

Développement d’une IA

En questionnant la façon dont les technologies influencent les processus de transmission aujourd’hui, nous sommes arrivés à une conclusion : en nous permettant de tout garder mais aussi en nous « guidant » tout en rendant opaques les raisons des suggestions qu’elles nous font, les technologies actuelles atténuent (voire, parfois, annulent) notre rapport au choix.

Or, il est certain que nous avons beaucoup de choix à faire aujourd’hui si on veut envisager de meilleurs demains, notamment climatiques. Mais où et comment réintroduire le choix dans cet environnement ultra-technologique ?

Ce questionnement nous a amenés à nous tourner vers les bases de données. Les bases de données massives (big data) utilisées aujourd’hui pour programmer les IA sont en effet l’antithèse du choix. Elles sont composées de milliards de données indistinctes dont on ne sait presque rien et dont les auteurs eux-mêmes n’ont souvent pas mesuré la portée.

En travaillant avec le M.I.A.I. la question était donc de savoir s’il était possible de contrôler la base de données en lui appliquant des règles éthiques et si, une fois cette base de données constituée, l’IA deviendrait elle-même éthique.

Pour ce faire, nous avons développé avec le M.I.A.I. Sylvia, une intelligence artificielle qui intervient en tant que personnage au sein du spectacle.

 

Le spectacle

2040. Alors que des évènements climatiques mondiaux empêchent les membres de la S.I.N. (Société Internationale du Numérique, agence fictive de l’ONU) de se réunir à Conakry pour la finalisation et le lancement du programme Enlil (des bots chargés de nettoyer Internet), Scott, le programmeur en chef du projet, reçoit la mission de finaliser seul le programme. Cependant, des restrictions de sécurité l’obligent à s’adjoindre les services de Koumba, une femme de ménage locale, et Hervé, un Français en voyage d’affaires. Arriveront-ils à s’entendre ?

L’équipe artistique du projet :

Mise en scène : Geneviève Pelletier (TCM/Canada), Karim Troussi (Cie du Jour/France)

Écriture : Émilie Malosse (Cie du Jour/France) : écriture, dramaturgie et conception du synopsis et des personnages ; Bilia Bah (La Muse/Guinée) : dramaturgie et conception du synopsis et des personnages ; Dominique Leclerc (Posthumains/Canada) : conception du synopsis et des personnages.

Interprétation : Aminata Touré (La Muse/Guinée), Daniel Péloquin-Hopfner (TCM/Canada), Henri Thomas (Cie du Jour/France), Sun Qing (vidéo/Chine)

Création sonore : Jérôme Vion (Cie du Jour/France)

Scénographie : Marie Grenier (ENSATT/France)

Lumière et vidéo : jaymez (TCM/Canada)

Développement de Sylvia (IA) : Hugo Bantignies (M.I.A.I./France), sous la supervision de Didier Schwarb (M.I.A.I./France)

Présentation par l'équipe

https://player.captivate.fm/episode/63626f54-5e8b-42ca-b27b-d6883b02f209

Dossiers

Dossier pédagogique

Presse

EMPREINTE(S), Démêler les nœuds d’un Internet enchevêtré

BEN WALDMAN, le 25 Mars

★★★★ sur cinq

Internet est partout. Il est dans nos oreilles. Il est dans nos poches. Il est dans nos cerveaux et dans notre conscience collective. Beaucoup d’entre nous n’ont jamais connu un monde sans lui et, en conséquence, sont devenus… quel est le mot… heu… une seconde, je cherche ça sur Google… dépendants des services qu’Internet propose.

Quand la connexion est perdue nous le sommes aussi…

Ainsi, quand Scott (Daniel Péloquin-Hopfner), un ingénieur moustachu travaillant pour la Société Internationale du Numérique, est chargé de finaliser un programme pour « nettoyer » Internet, il se retrouve, comme on pouvait s’y attendre… comment on dit déjà… dans le pétrin… lorsqu’un violent évènement climatique emporte avec lui quelques fils et câbles. Après lui, le déluge.

Dans Empreinte(s), présenté le 25 mars au Théâtre Cercle Molière, trois personnages sur scène : Scott, Hervé (Henri Thomas) et Koumba (Aminata Touré) doivent travailler ensemble pour décider à quoi un nouvel Internet – et, d’une certaine manière, un nouveau monde – devrait ressembler.

Scott, l’antisocial technophile, pense qu’il sait mieux que les autres. Mais Hervé, un homme d’affaire prospère qui semble avoir fait fortune dans la fabrication industrielle, se pense lui aussi sage. Koumba, agente d’entretien, sait deux ou trois choses sur la manière de gérer le bazar laissé par les autres…

Bien évidemment, Scott, ne tient pas compte des deux autres. Ils ne sont pas experts, comme lui. Empreinte(s), une collaboration entre plusieurs structures portée par Geneviève Pelletier et le metteur en scène francophone Karim Troussi, sonde cette pensée égocentrique : si nous sommes tous experts, alors personne ne l’est, et si personne ne l’est alors nous sommes condamnés. Sur Internet, cette erreur sociétale est bien plus évidente que partout ailleurs.

Les côtés sombres du web sont au cœur d’Empreinte(s), qui place nos trois personnages dans un lieu clos au siège de la S.I.N., avec des murs mouvants, une voix robotique appelée Enlil, une IA dénommée Sylvia et des chambres d’écho environnant chaque personnage. Pour une autre génération, cela est comparable au cône du silence[1], rendu célèbre par la série télévisée Get Smart dans les années 60’ (la conception intelligente de l’éclairage, du décor et de l’environnement sonore vient considérablement appuyer cette histoire).

Tout comme cette série, Empreinte(s) traite directement et indirectement des angoisses du monde réel. Mais, tandis que Buck Henry et Mel Brooks s’inquiétaient de la menace imminente de la Guerre Froide, tout à la fois moquant, critiquant et révélant leur peur face à la stupidité qui la sous-tendait, les dramaturges Émilie Malosse, Bilia Bah et Dominique Leclerc sont quant à eux focalisés sur les machines potentiellement inquiétantes qui paraissent destinées à remplacer l’intelligence humaine tout en supplantant la pensée individuelle.

Au cours des dernières semaines, Chat GPT, un programme qui utilise l’intelligence artificielle pour créer du contenu écrit, a été une source de controverse dans tous les secteurs professionnels. Les enseignants se sont inquiétés de son potentiel à empêcher un réel apprentissage, réduisant les élèves à saisir des données plutôt qu’à écrire. En attendant, l’IA demeure un outil puissant pour le travail de traduction et de transcription ; les journalistes les utilise souvent dans ces deux domaines.

L’IA est un outil de la boîte à outils. Empreinte(s) s’inquiète de ce qui arrive lorsqu’on lui demande de construire l’abri.

Le spectacle, qui est présenté en français, est une vitrine pour les idées et pour ses acteurs… Péloquin-Hopfner et Thomas ont un large éventail de morceaux comiques et font souvent mouche. Cependant, dans ce trio, c’est Koumba, interprétée par Touré, qui tient les rênes de l’histoire et, de ce fait, ses conclusions.

C’est la bonne décision : les voix des femmes de couleur de la classe ouvrière comme Koumba sont souvent absentes des discussions sur l’Internet, et, de manière générale, de la plupart des discussions. En raison des préjugés sociétaux, on s’attend à ce que Hervé et Scott soient aux commandes, mais c’est quand ils commencent à écouter Koumba, qui soulève des points importants concernant l’accès à l’information et l’infrastructure du numérique, que les deux personnages commencent à voir les choses autrement.

Au bout du compte, quand Internet est coupé, tout le monde panique : Scott, dont le travail en dépend ; Hervé, qui se demande bien comment il pourra rester en contact avec ses enfants sans les médias sociaux ; et Koumba, qui n’est pas parfaite, mais se rend compte que le monde physique s’étend bien au-delà de son être numérique.

Il s’agit tout à la fois d’une comédie d’entreprise drôle et d’une parabole environnementale, avec des tonalités qui rappellent la comédie télévisuelle à succès de l’année dernière, Severance, et le classique du cinéma de Stanley Kubrick : 2001, l’odyssée de l’espace.

Montée par les compagnies théâtrales TCM, Compagnie du Jour et La Muse, sous couvert de drame technologique, la pièce est une critique de la mondialisation.

Elle invite le public à se demander pourquoi le monde s’écroule quand le réseau téléphonique tombe en panne pendant quelques heures, alors même qu’il sourcille à peine lorsque les températures montent à de tels niveaux que les animaux, humains compris, meurent à un rythme alarmant.

L’époque actuelle est souvent appelée « l’Anthropocène », en raison de l’impact profond de l’activité humaine sur l’environnement dans lequel nous vivons.

Les empreintes numériques laissées par nos doigts s’accompagnent d’empreintes écologiques dans le paysage. Il est tout à fait possible que ces deux marques soient trop profondes pour qu’on puisse jamais retrouver un équilibre viable.

Et maintenant ?

Copyright (c)2023 winnipeg. Edition Winnipeg


[1] Le cône du silence est une machine fictive que l’on retrouve dans la série américaine Get smart, qui suit les aventures d’un espion incompétent. La machine, censée garantir le secret d’une conversation, est dysfonctionnelle : les personnes placées à l’intérieur n’arrivent pas à s’entendre alors que, de l’extérieur, on entend tout.